Une nation qui sait d'où elle vient est moins facile à berner...

Steve E. Fortin

Blogueur, journaliste pigiste 

et enseignant quebec.huffingtonpost.ca



Le ministre de l'Enseignement supérieur Pierre Duchesne en a fait un de ses chevaux de bataille, la Journée nationale des Patriotes ayant de nouveau fait ressurgir la question de l'enseignement de l'histoire au Québec et je m'en réjouis grandement. Il est de notre devoir d'appuyer toutes mesures qui feront en sorte que l'on cesse de former des incultes, des ignorants quant aux fondements historiques de leur nation au Québec.
Au fil des ans, j'ai eu la chance d'enseigner à de nombreux étudiants du baccalauréat en éducation, beaucoup de futurs enseignants quoi. Certains se dirigeaient vers le primaire, d'autres le secondaire. J'ai toujours particulièrement aimé ce genre de groupe et je me suis toujours fait un devoir de proposer un corpus de lecture diversifié, stimulant, le plus intéressant que faire se peut.
Quand la grève générale illimitée du printemps 2012 a amputé ma session de quelques cours, il m'a semblé judicieux de revenir sur les événements en proposant la lecture et un travail de fin de session à partir de deux textes du Devoir dans l'excellente section « Le Devoir de Philo »; Bourdieu qui porterait le carré rouge et le philosophe anglais Derek Parfit qui arborerait plutôt le carré vert. On m'a remis des analyses fouillées et rarement ai-je eu autant de plaisir que de corriger l'ample liasse de travaux que l'on m'avait remis cette session-là.
À d'autres occasions cependant, il m'est arrivé d'être tout « pantois » devant l'air hébété de mes étudiants quand j'abordais un texte qui traitait de références historiques que je croyais tout à fait assimilées par de futurs enseignants, la plupart à leur deuxième année d'université quand ils étaient dans ma salle de classe.
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Sans généraliser, avec le temps, je me suis bien aperçu que le seul court paragraphe de référence à la Rébellion de 1837-38 dans le cours d'histoire du quatrième secondaire se perdait dans la somme des autres notions périphériques et sans importance. Car c'est bien de cela qu'il s'agit quand on effleure une partie pourtant si importante de notre histoire collective sans en développer les fondements historiques et sociaux.
Quand l'ONF a présenté le documentaire Entre les Lignes du metteur en scène Claude Guilmain, ce fut l'occasion de revenir sur la contribution des « Canadiens-français » à la Der des Ders. En homme de théâtre et de lettres, Guilmain a sublimement laissé la place aux mots dans son documentaire. Les paroles glauques et la langue de juron des sacrifiés des tranchées jouxtent dans son film, les envolées lyriques de Claudius Corneloup.
Jugez par vous-même...

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